Cette page présente et commente les lectures du dimanche.
Une fois par mois, la présentation et le commentaire des lectures se retrouvent à la page Le mot du pasteur Justin.

La liturgie de l’Église nous présente en ce dimanche de septembre une parabole bien connue par plusieurs d’entre nous. L’évangéliste Matthieu est le seul à la rapporter. On peut se demander pourquoi. Il est important de se rappeler que la communauté chrétienne de Matthieu était principalement composée de Juifs convertis depuis les premiers temps, ainsi que d’étrangers qui se sont joints plus tard, dont d’anciens persécuteurs de la foi. Il est facile d’imaginer que des tensions ont émergé rapidement entre les chrétiens de longue date et les nouveaux convertis. Dans ce contexte difficile, comment pouvait-on faire comprendre aux premiers convertis qu’ils n’étaient ni meilleurs ni moins bons que les autres? C’est dans les paroles de Jésus que Matthieu a trouvé les mots qu’il fallait pour apaiser les tensions dans sa communauté.
La parabole de Jésus nous offre une leçon précieuse sur la compassion de Dieu : une compassion qui s’exprime sans tenir compte de notre statut social ou de nos mérites. Cette compassion n’est pas innée en nous, comme en témoigne la réaction des ouvriers de la première heure. Pour Jésus, cette parabole met en lumière deux visions du monde radicalement différentes. D’un côté, il y a la vision où l’économie est impitoyable : les premiers restent les premiers, et les derniers restent les derniers. Dans cette perspective, trop souvent le bonheur réside dans l’accumulation et la possession de biens. De l’autre côté, il y a une vision du monde où le bonheur réside dans le partage. La compassion, par sa nature même, telle que le maître du domaine l’a ressentie, est une émotion qui nous touche au plus profond de notre être. Alors, les calculs aux mérites deviennent superflus. Tous les parents du monde ont fait l’expérience de cette émotion un jour envers leurs enfants.
Devant Dieu, nous nous abaissons au rang de simples travailleurs, alors qu’Il aspire à nous élever au rang de fils et de filles. La reconnaissance de Dieu ne s’achète pas, elle se reçoit comme un don, comme un précieux cadeau. Cette magnifique parabole nous rappelle que Dieu n’accorde pas de faveurs en fonction de nos performances, car en Jésus, il nous propose une tout autre vision du monde. Il appartient désormais à nous, chrétiens et chrétiennes, de partager et d’incarner cette vision dans nos vies. Bonne semaine !
Yvan Demers, coordonnateur
Secteur pastoral Bellevue
Lectures du dimanche 24 septembre 2023

La Liturgie de l’Église nous présente une nouvelle parabole de Jésus en ce dimanche. Aujourd’hui, nous l’écoutons en connaissant déjà son dénouement, et nous l’accueillons comme une belle histoire porteuse d’une leçon de vie. Cependant, à l’époque de Jésus, c’était bien différent. Ses paraboles représentaient un enseignement précieux qui souvent bouleversait voire choquait son auditoire. Lorsque Matthieu rédige son évangile, sa communauté chrétienne vit en marge de la grande ville de Jérusalem. En raison de leur foi, les chrétiens de Jérusalem étaient considérés comme des étrangers, coupés de leurs liens familiaux et communautaires. On peut aisément imaginer à quel point il leur était difficile de vivre leur foi sans ressentir de la rancoeur, de la vengeance ou du découragement. Face à ces émotions destructrices, Matthieu rappelle la parabole de Jésus comme une réponse spirituelle à leur mal de vivre.
Évoquer le pardon suscite diverses réactions. Certains affirment : « Il faut pardonner ! », ce qui revient à dire : « Oublions le passé, tournons-nous vers l’avenir ! ». D’autres disent : « D’accord pour pardonner, mais oublier, jamais ! ». Entre ces deux positions, il existe des nuances, car pardonner ne signifie ni taire, ni oublier, ni dissimuler, ni même excuser. Pardonner, c’est comme le propose l’auteur-compositeur Yves Duteil dans son recueil intitulé La petite musique du silence : « … poser un regard neuf sur le passé, un regard apaisé après la tempête. » Mais jusqu’où pardonner ? C’est la question que Pierre pose à Jésus. Il reconnaît l’importance du pardon, mais arrive un point où la patience atteint ses limites ou que la blessure est trop profonde. Alors, il établit une limite raisonnable au pardon. « Faut-il pardonner sept fois ? » Sept fois, c’est déjà considérable ! Jésus le laisse sans voix en multipliant ce chiffre par 70. Autant dire toujours !
Par cette histoire, Jésus nous enseigne que nos pardons, même offerts généreusement, ne sont qu’une petite goutte d’eau comparée à l’océan de pardons et d’amour que Dieu nous offre. Le message est limpide : de la même manière que Dieu nous pardonne, nous sommes conviés à agir de même envers notre prochain. Entendre cette parabole est une chose, mais la mettre en pratique en est une autre. Aujourd’hui, le pardon nous est proposé comme le chemin à suivre pour vivre notre vie en conformité avec l’enseignement de Jésus. Bonne semaine !
Yvan Demers, coordonnateur
Secteur pastoral Bellevue
Lectures du dimanche 17 septembre 2023

La Liturgie de l’Église nous présente Pierre recevant une leçon difficile de la part de Jésus. Le Messie en qui lui et ses compagnons avaient placé tous leurs espoirs n’est pas tout à fait conforme à leurs projets. À travers l’écriture de l’évangéliste Matthieu, cette dure leçon nous est également adressée : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » Cette déclaration est difficile à accepter, et ce n’est pas sans raison qu’elle est le message de Jésus le plus souvent répété par les quatre évangélistes. Cela est probablement dû à l’importance de rappeler aux communautés chrétiennes, dès les premiers siècles, une exigence qu’elles préféraient ne pas entendre.
La leçon de cet Évangile pourrait se résumer ainsi : c’est une chose de reconnaître Jésus comme le Fils du Dieu vivant, mais c’en est une autre de le suivre et de devenir son disciple. Trop souvent, nous aimerions que l’Évangile s’aligne sur nos projets et que le message de Jésus ne perturbe pas notre confort. Nous souhaiterions que Jésus se manifeste dans les chemins que nous avons tracés. Qui parmi nous a comme projet de vie de renoncer à lui-même, à ses projets et à ses rêves ? Pour comprendre la leçon de Jésus, il faut, comme le dit si bien saint Paul dans la deuxième lecture, renouveler notre façon de penser pour discerner la volonté de Dieu. Renoncer à soi-même ne signifie pas s’effacer, se laisser écraser par les circonstances, ou cesser d’exister en tant qu’individu. Renoncer à soi, c’est accepter de ne plus être uniquement guidé par les tendances, les modes et les pensées du monde.
L’Église du Québec est en pleine mutation. Partout, de nouvelles façons de vivre la foi sont explorées. Parfois, cela implique de renoncer à des bâtiments, à certaines pratiques qui nous sont chères, et même à un certain confort auquel nous étions habitués. Suivre Jésus dans les Évangiles ne se limite pas à une simple marche derrière lui, mais cela englobe un engagement profond envers sa personne et son message. Renoncer à soi-même, c’est accepter de suivre Jésus sur un nouveau chemin, parfois surprenant et perturbant. Confiance, car c’est lui le Guide!
Yvan Demers, coordonnateur
Secteur pastoral Bellevue
Lectures du dimanche 3 septembre 2023

En ce 21e dimanche du temps ordinaire, la Liturgie de l’Église nous présente une page de l’Évangile selon Matthieu que plusieurs théologiens considèrent comme un tournant majeur dans son livre. Une phrase a particulièrement retenu mon attention, ou plutôt, l’utilisation d’un pronom. En réponse à la profession de foi de Pierre, Jésus déclare : « Tu es Pierre et sur cette pierre JE bâtirai mon Église. » Jésus ne laisse planer aucun doute, c’est bien lui qui édifie son Église. Il ne nous incombe pas de construire son Église, mais plutôt de collaborer à sa mission. Cela soulève néanmoins une autre question : qu’est-ce que l’Église ?
En parcourant divers passages des quatre évangiles, nous pouvons comprendre ce à quoi Jésus pensait lorsqu’il parlait de son Église. Tout d’abord, dans son esprit, l’Église ne désigne pas un bâtiment ni une institution religieuse, mais plutôt une communauté de croyants qui suivent ses enseignements et reconnaissent en lui le Fils du Dieu Vivant. Selon Jésus, l’Église représente une assemblée de croyants, appelés à se rassembler et à vivre concrètement l’unité, l’amour et la fraternité, dépassant ainsi les barrières culturelles, ethniques et sociales. La grande mission de l’Église consiste à faire connaître la personne et le message de Jésus. À plusieurs occasions, Jésus a évoqué le service envers les plus petits et l’amour du prochain. L’Église est un espace où ces valeurs sont mises en pratique. Enfin, une dernière précision découle de l’Évangile de Matthieu : c’est Jésus lui-même qui guide, enseigne et soutient son Église.
La promesse de Jésus faite à Pierre constitue une source d’encouragement et de réconfort pour nous. Cela nous rappelle que notre foi en Jésus-Christ est solide et durable. L’Église continuera à diffuser l’Évangile malgré les tempêtes, les obstacles et les difficultés qu’elle pourrait rencontrer dans le monde. Certains hommes et femmes d’Église ont commis des erreurs par le passé et en commettront probablement à nouveau. Certaines actions inacceptables ont été commises et, hélas, pourraient se répéter. Toutefois, la communauté des croyants ne perdra jamais Jésus ni le trésor de l’Évangile, car la foi en Jésus-Christ est solide et durable. Bonne semaine !
Yvan Demers, coordonnateur
Secteur pastoral Bellevue
Lectures du dimanche 27 août 2023

La Liturgie de l’Église nous propose aujourd’hui un Évangile que nous connaissons bien : celui de Jésus marchant sur les eaux. Rappelons-nous que saint Matthieu n’écrit pas comme un journaliste. Son livre a été rédigé environ cinquante ans après la mort et la résurrection de Jésus. Quelle était l’intention de Matthieu en nous livrant ce récit extraordinaire ? Bien sûr, on pourrait penser qu’il souhaite démontrer la puissance du Seigneur. Cependant, au-delà de l’aspect extraordinaire de son récit, que peut bien signifier cet événement dans la vie des apôtres et comment cette page d’Évangile peut-elle nourrir notre foi aujourd’hui ?
La vie n’est pas toujours paisible comme un grand fleuve tranquille. Parfois, les eaux s’agitent lorsque des vents contraires se lèvent et perturbent nos certitudes, notre confort et notre sécurité. C’est notre réalité, c’était aussi celle des apôtres. C’est aussi la réalité de l’Église qui, elle-même, ressemble à cette petite barque ballottée par les flots de la mer du temps. L’Évangile de ce dimanche trouve un écho dans notre vie personnelle et celle de l’Église. Nous éprouvons parfois les mêmes hésitations que l’apôtre Pierre. Nous souhaitons suivre Jésus, mais il arrive que la peur du changement, les échecs, les deuils et les difficultés de toutes sortes nous submergent. Les tempêtes ne manquent pas dans l’Église : scandales sexuels, restructurations et fermetures, désengagement de certains fidèles, etc. C’est donc maintenant le moment de prêter attention à la parole que le Seigneur nous adresse en ce dimanche : « Confiance ! C’est moi ; n’ayez pas peur ! »
Alors que la pandémie de la Covid sévissait sur tous les continents, le pape François écrivait ces paroles qui font écho à l’Évangile : « Le début de la foi, c’est de savoir qu’on a besoin de salut. Nous ne sommes pas autosuffisants ; seuls, nous faisons naufrage : nous avons besoin du Seigneur, comme les anciens navigateurs, des étoiles. Invitons Jésus dans les barques de nos vies. Confions-lui nos peurs, pour qu’il puisse les vaincre. Comme les disciples, nous ferons l’expérience qu’avec lui à bord, on ne fait pas naufrage. Car voici la force de Dieu : orienter vers le bien tout ce qui nous arrive, même les choses tristes. Il apporte la sérénité dans nos tempêtes, car avec Dieu la vie ne meurt jamais. » Bonne semaine !
Yvan Demers, coordonnateur
Secteur pastoral Bellevue
Lectures du dimanche 13 août 2023
Dernière mise à jour de cette page : 20 septembre 2023